OliveM

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Poil à Gratter pour démanger

jeudi 7 juillet 2011

Les échecs "sécuritaires" de Monsieur "Sécurité"...

La politique sécuritaire de Sarko épinglée par la Cour des Comptes...

Depuis qu'il est passé Place Beauvau en 2002, le Sarko de choc aime à se faire passer pour le chantre et le garant de notre sécurité et de la politique "sécuritaire".
C'est son fond de commerce, ce devrait être sa marque de fabrique (....)
Et c'est
là-dessus qu'il avait basé sa campagne présidentielle de 2006/2007 !

Las...
la réalité est tout autre, en tous cas si l'on se penche sur les faits, sur la conjoncture de moyen terme en termes de chiffres sur la délinquance et si l'on pointe du doigts de façon circonstanciée les moyens mis en oeuvre et les modalités de cette mise en oeuvre.

Comme quoi ce n'est pas forcément ceux qui en parlent le plus qui en font le plus !

Le récent rapport de la Cour des Comptes est là pour nous le rappeler avec acuité. Un rapport qui, parait-il, a rendu littéralement furibard notre ministre de l'Intérieur, le distingué Guéant.

Question : cet âne ambulant aura-t-il décrypté ce rapport de manière aussi ahurissante qu'il décrypta récemment une enquête de l'INSEE en matière de taux d'échec des enfants d'immigrés en matière de scolarisation ????

Morceaux choisis, tirés de Mediapart :
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Dans un rapport sur la gestion des forces de sécurité, qui a rendu Claude Guéant furieux, la Cour des comptes dresse de fait un bilan de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy depuis 2002. Pilotage par les chiffres, hausse des violences aux personnes, absence d'évaluation de la vidéosurveillance, errances dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, manque de présence sur la voie publique, disparités régionales : le constat est rude.

Pour en savoir plus, voir ce lien ==> http://www.mediapart.fr/journal/france/070711/la-cour-des-comptes-etrille-la-politique-securitaire-de-sarkozy

Le rapport complet de la Cour des Comptes peut être téléchargé ici ==> http://www.mediapart.fr/files/ccpolice.pdf

On peut citer quand même quelques morceaux "choisis" :

==== 1 =============
La hausse des violences aux personnes


«L'évolution de la délinquance ne peut être résumée par un seul indicateur global donnant le même poids aux délits mineurs et aux crimes», rappelle la Cour des comptes. Or la communication gouvernementale continue de s'appuyer sur ce chiffre, qui agrège l'ensemble des infractions constatées par les services de police et gendarmerie.
Ainsi le 20 janvier 2011, Brice Hortefeux affirmait que «la délinquance a diminué de plus de 2% en 2010. Pour la huitième année consécutive, l'insécurité recule en France.» Non seulement l'usage de ce chiffre est, selon les rapporteurs une «simplification grossière» , mais cette baisse depuis 2002 serait en grande partie expliqué par le «recul spectaculaire» de deux grandes catégories d'infractions, les vols liés à l'automobile et les destructions et dégradations de biens privés (-378.000 faits au total en zone police entre 2002 et 2009).

Cette évolution est due «principalement à l'amélioration par les constructeurs automobiles des dispositifs techniques de protection contre les vols et les effractions, et au renforcement des dispositifs de protection des espaces publics et privés (parkings, gares, etc.)». Une partie croissante des actes de vandalisme se serait également «traduite non par le dépôt d’une plainte par les victimes, mais par l’enregistrement d’une simple contravention» non comptabilisée dans le chiffre gobal de la délinquance constatée par les services.

Et la Cour remarque que «sur la même période (2002-2009), les atteintes à l'intégrité physique des personnes (AVIP) ont, elles, connu une hausse de 20 %, soit 44.000 faits supplémentaires.» Cette augmentation est liée «aux violences physiques non crapuleuses telles que les coups et blessures volontaires en augmentation de 51 %, les menaces ou chantages dans d'autres buts que l'extorsion de fonds, les atteintes à la dignité et les violences intrafamiliales».

==== 2 =============
Une lutte contre les stupéfiants concentrée sur les consommateurs


«Nous avons donc lancé une offensive résolue, contre les grands trafics mais aussi contre le deal de proximité», se réjouissait en janvier 2011 Brice Hortefeux. Bien, mais trop tard, répond en substance la Cour des comptes qui note que, jusqu'en 2010, la lutte contre le trafic de stupéfiants ne figurait pas parmi les objectifs prioritaires de la direction centrale de la sécurité publique (DCSP) alors qu' il «paraît pourtant acquis de longue date qu'il alimente diverses formes de délinquance, notamment dans les quartiers réputés sensibles.» Entre 2002 et 2009, l'action des policiers et gendarmes a «été orientée principalement vers l'interpellation des consommateurs sans amélioration significative des résultats en matière de revente ou de trafics».

Ainsi, sur cette période, la constatation des infractions à la législation sur les stupéfiants par les services de DSCP a connu une progression de 76 % pour l'usage simple, 30 % pour l'usage avec revente et seulement 8 % pour le trafic.

Selon le rapport, la lutte contre le trafic de stupéfiants joue le rôle de «variable d'ajustement pour rehausser le taux moyen d'élucidation». En effet en matière de consommation de stupéfiant, la constatation de l'infraction est synonyme de l'interpellation des personnes mis en cause, ce qui offre un taux d'élucidation systématique de 100%.
(...)
La politique de lutte contre le trafic de stupéfiant est donc pour, la Cour des comptes, la parfaite illustration d'un «pilotage statistique».

==== 3 =============
Manque de présence sur la voie publique et manque de moyens mis en oeuvre


Dans un premier temps, suite du vote de la loi d'orientation de la sécurité intérieure du 29 août 2002, dite LOPSI, les effectifs de policiers et gendarmes, ont fortement augmenté, principalement en région parisienne. Mais, du fait de la RGPP, ils décroissent depuis 2009 et, selon les rapporteurs, dès 2011, le nombre des policiers affectés dans les services de sécurité publique sera revenu à son niveau de 2002.

Mais surtout, beaucoup de policiers restent affectés à des tâches administratives ou annexes (escortes de détenus, garde de bâtiments, garde de détenus hospitalisés, etc.), limitant de fait leur présence sur la voie publique. En moyenne, le taux d'occupation de la voie publique (pourcentage de l'effectif de policiers occupés à un moment donné par ce type d'activités) était de 5,5 % en 2009.

Depuis 2009, la réduction des crédits de fonctionnement se fait sur «les moyens nécessaires à l'activité opérationnelle (matériels de protection et d'intervention), aux enquêtes judiciaires (matériels d'analyse et de détection pour la police technique et scientifique), ou au renouvellement des équipements informatiques et à la maintenance des locaux (...) sans évaluation de l'impact sur les capacités d'intervention des unités.»
Même les achats de fournitures pour la police technique et scientifique (PTS) ont baissé de 4,2 millions d'euros à 3,6 millions d'euros, entre 2008 et 2010 «en contradiction avec la priorité ministérielle affichée en faveur de la PTS», soulignent les rapporteurs.

==== 4 =============
On ne met pas le plus de moyens là où il en faudrait le plus...


La répartition géographique des policiers n'est pas réellement corrélée avec la taille de la population et l'importance de la délinquance constatée. Ainsi malgré un taux de délinquance nettement plus élevé, les villes de Nice et Marseille ont une densité de policiers à peine supérieures à celles de Lille, Toulouse, Rouen, Toulon, Bordeaux, Montpellier, Strasbourg et Lyon. «Ces disparités sont susceptibles de compromettre l'égalité de traitement des citoyens au regard de leur droit à la sécurité», estiment les magistrats.

NDLR : il faut par exemple savoir qu'il y a plus de flics par habitant dans les beaux arrondissements de Paris et dans le 92 (notamment sur Neuilly/Seine, SarkoLand historique) que dans des zones comme le 93 ou certaines autres zones dites "sensibles" du 91 ou du 94...

==== 5 =============
Une vidéosurveillance coûteuse... pour une efficacité peu connue et des moyens lacunaires

Le président de la République demandait, en 2009, de tripler le nombre de caméras de vidéosurveillance, de 20.000 à 60.000 sur le territoire. C'est mal parti, car la Cour n'a, elle, compté que 10.000 caméras sur la voie publique en 2010.

Elle s'inquiète du coût du programme, estimant à 300 millions d'euros l'investissement nécessaire (pris en charge à hauteur de 40% par l'Etat), auxquels il faudrait ajouter 300 millions d'euros de dépenses de fonctionnement par an, reposant directement sur le budget des collectivités locales. «Soit l’équivalent de la rémunération d’un tiers (6.500 policiers municipaux) des effectifs actuels des polices municipales», comparent les rapporteurs.

La Cour des Compte dit aussi : «la France se caractérise par la quasi-absence d' enquête scientifique sur l'efficacité de la vidéosurveillance»...

Par ailleurs la Cour s'inquiète d'un certain laxisme du côté de préfets, chargés d'autoriser l'installation de systèmes de vidéosurveillance sur la voie publique, et de l'absence de contrôle a posteriori des commissions départementales de vidéoprotection. En 2009, par exemple, le préfet des Alpes-Maritimes a signé 35 arrêtés de création ou d'extension de systèmes de vidéosurveillance des espaces publics par des
communes, «quasiment tous établis selon le même modèle» et sans aucun refus, sans se soucier de la qualité des personnes chargées d'exploiter les systèmes ou de visionner les images.

La Cour souligne justement «la faible professionnalisation» de ces agents communaux qui ne sont pour la plupart pas assermentés, et n'ont souvent pas reçu de formation spécifique sur les obligations déontologiques liées à leur fonction.

Là encore, l'implantation est très inégale, la région PACA possédant, par exemple, en zone police «davantage de caméras installées sur la voie publique que les départements de la grande couronne parisienne.» «Le recours croissant à la vidéosuveillance de la voie publique ne peut se substituer à l'action des forces de sécurité étatique», conclue la Cour .

Excusez du peu.


On comprend que le Guéant soit "furibard" quand il lit ça...

La réaction de certaines flèches de l'UMP au sujet de ce rapport de la Cour des Comptes est d'ailleurs symptomatique, qui n'hésitent pas à tenter de jeter l'opprobe sur la dite Cour des Comptes. Il en est ainsi par exemple du crâne d'oeuf sécuritaire de la Côté d'azur, le dénommé Ciotti, qui prend également une bonne giffle sur ce coup-là, en dépit de ses rodomontades épisodiques. La remarque vaut aussi pour le sieur Guéant en personne : voir un ministre d'état remettre en cause la fonction de la Cour des Comptes sous prétexte que l'un de ses rapports ne lui "convient pas" est quand même assez "curieux".

Question : après 9 ou 10 ans d'échec en la matière, Sarko est-il toujours en mesure d'assoir sa campagne 2012 sur le thème récurrent de la "Sécurité" ???

a+
olive m