OliveM

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Poil à Gratter pour démanger

mercredi 31 août 2011

Bettencourt: l'Elysée en travers de la justice



Quand la raison d'Etat ou plutôt les pressions du pouvoir empêchent le déroulement normal de la justice...

- pressions par la peur sur les témoins gênants (lesquels refusent finalement de témoigner) : ex-comptable de la vieille peau Bettencourt, infirmière de la vieille peau Bettencourt, chauffeur de la vieille peau Bettencourt, etc. De préférence par l'intermédiaire des services de police....

- pressions par le déssaisissement des juges (ici Isabelle Prévost-Desprez)

- marionnettisation de l'appareil judiciaire (ingérence dans le travail des Juges et mise aux ordres de certains procureurs), ce qui s'apparente à un véritable coup d'Etat judiciaire

- il est clair que Mme Isabelle Prévost-Desprez n' aucune raison d'inventer ce qu'elle relate dans ce livre récent "Sarko m'a tuer" : ce sont des choses qui ne s'inventent pas, tout simplement.

- ces manoeuvres conduisent au final l'appareil judiciaire à faire l'impasse sur certains éléments matériels pourtant bien tangibles : carnets de note de la secrétaire de la vieille peau Bettencourt, carnets du photographe François-Marie Banier,

- ces manoeuvres font suite à d'autres nombreuses manoeuvres du même type (affaire Woerth, affaire Karachi, etc...). Même certaines procédures préliminaires du procureur Courroye, soumis au pouvoir et ami de Sarkozy, ont depuis été cassées (...). Tout cela pose avec acuité le problème de l'indépendance des pouvoirs (exécutif, judiciaires) : clairement, notre système judiciaire est mal conçu puisque le pouvoir excutif peut s'immiscer dans les procédures en cours...

- tout cela s'accompagne de manoeuvres du pouvoir politique visant à décrédibiliser et intimider la presse "qui dérange". Typiquement Mediapart :
a/ victime d'un cambriolage, de vol d'oridinateurs et d'enregistrements réalisés chez la Bettencourt...
b/ qualifié de "fasciste" par le secrétaire en chef de l'UMP (X.Bertrand) : à ce sujet, il faut savoir que Monsieur X.Bertand vient d'être mis en examen suite à la plainte déposée à l'époque par Mediapart (...)
c/ écoutes téléphoniques et surveillance illégale de certains journalistes du Point, du Monde et de Mediapart (entre autres) - sur ordre direct du secrétaire général de l'Elysée de l'époque, le dénommé Claude Guéant. A ce sujet il faut savoir que Claude Guéant a discrètement retiré au printemps la plainte qu'il avait déposé pour prétendue "diffamation" contre Mediapart. Comme de "juste" (...)

Cette situation se conjugue depuis 2007 au plus haut niveau avec ce que tout le monde appelle désormais (y compris dans la presse étrangère) "le système Sarkozy", qui consiste notamment en un doux mélange des affaires privées et des affaires publiques (encore que les méthodes "Sarkozy" ne datent pas d'aujourd'hui, elles sont à l'ouvre depuis 20 ans dans le 92 et à Neuilly - NDLR). Doux mélange dont les nominations Elyséennes à la sauce "Fait du prince" sont la meilleure illustration (dernier exemple en date : le tout récent débarquement de D.Paillé au profit de l'ami sarkozien Arno Karsfeld). Et doux mélange dont l'affaire "EPAD / filston-à-papa Jean Sarkozy" est l'emblématique illustration.

Ironie de l'histoire et cerise sur le gâteau : ça tombe pile poil le jour ou le sieur Chatel Luc prétend devoir (pouvoir ?) restaurer la "morale" à l'école. On va donc probablement apprendre aux enfants qu'il n'est pas très "moral" de récolter de grosses enveloppes d'argent chez une vieille dame richissime et à moitié sénile... pour alimenter une campagne électorale. Croquignol.

En réalité, ces dernières péripéties ne font que confirmer le secret de Polichinel que tout le monde connaissait déjà : à savoir que ~tout le monde défilait (à droite) chez la vieille pour récolter son enveloppe (...)

Pour en savoir plus, voir ce lien : http://www.mediapart.fr/journal/france/310811/bettencourt-lelysee-en-travers-de-la-justice

Olive M

mardi 30 août 2011

350.000 pauvres de plus en France de 2008 à 2011

L'INSEE avait déjà défrayé la chronique et agacé nos gouvernants en publiant en mars 2010 (juste avant les élections Régionales) un rapport sur l'évolution des inégalités en France de 2004 à 2007.

Voici la toute dernière mouture ©INSEE 2011 en la matière, sous la forme de numéro 1365 d'INSEE PREMIERE.
A téléchargér gratos via http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1365

De 2002 à 2009, le niveau médian (*) du revenu des ménages a cru en moyenne de +1,5% l'an (+0,5% en moyenne par an de 2007 à 2009) contre +1,9% l'an de 1996 à 2002.
Ce constat résume à lui seul la tendance observée depuis que la Sarkozie est aux affaires. Une Sarkozie dont l'un des slogans publicitaires était pourtant en 2007 : "Travailler plus pour gagner plus" (sic).

En clair : seuls certains des plus riches ont gagné plus, sans qu'on sache bien s'ils ont "travaillé plus", du reste.

Sans surprise : ce sont d'abord les revenus les plus modestes qui trinquent, et ils trinquent de plus en plus. Alors que les revenus moyens des 50% de ménages les plus riches continuent d'augmenter de 2007 à 2009 (et plus encore ceux des 10% les plus riches), les revenus moyens des 50% de ménages les plus pauvres diminuent (et plus encore ceux des 10% les plus pauvres). Plus l'on se polarise sur les ménages les plus pauvres, plus la tendance est nette en terme de baisse du revenu moyen. A contrario, plus l'on va vers les ménages les plus riches, plus la tendance est nette en terme de hausse du revenu moyen.

Résultat/1 : le degré d’inégalité de la distribution des revenus était resté stable de 1996 à 2002 : il est à la hausse sur la période 2002-2009.

Résultat/2 : la population située en-dessous du seuil de pauvreté (**) augmente de presque +350.000 personnes sur les 3 dernières années étudiées, et l'intensité de la pauvreté augmente (ndlr : ce sont les plus pauvres parmi les pauvres qui deviennent encore plus pauvres).

Ces tendances ne sont que partiellement liées à la "crise" de 2007, puisqu'elles étaient déjà présentes depuis 2002, et particulièrement de 2004 à 2007. Elles restent en revanche liées au chômage et vont en s'accentuant. Or si l'on prend en compte l'ensemble des catégories de demandeurs d'emplois, le nombre de ces demandeurs d'emploi a cru de +3% l'an de 2007 à 2010, pour culminer désormais à 4,7 millions de chômeurs au sens parfois qualifié de "large". En vue de "travailler plus pour gagner plus", il aurait fallu commencer par pouvoir "travailler plus". On voit bien que ça n'est pas le cas.

Enfin, ces dernières tendances sont à rapprocher de ce double constat fait lui aussi par l'INSEE en mars 2010 sur la période 2004-2007 : stagnation (inégalitaire) des revenus moyens du travail d'un côté, et explosion (là aussi inégalitaire) des revenus du patrimoine de l'autre. En bon Français : ceux qui "gagnent de plus en plus" sont ceux qui sont déjà les plus riches et qui détiennent déjà le plus de patrimoine.

Etonnant, non ?
Olive M

(*) 50% des ménages gagnent moins que ces revenus médians et 50% gagnent plus
(**) défini classiquement comme correspondant à 60% du revenu médian

samedi 6 août 2011

La musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas...




Les propos de Mme Joly sur le défilé militaire du 14 juillet ont provoqué un joli patacaisse et engendré un petit psychodrame au sein de la classe politique (ou politicienne) hexagonale.
La chose est hautement révélatrice.
Même le PS est "embarrassé". Même la Ségo a estimé que "ce serait une très mauvaise idée que de remettre en cause nos traditions". Au nom de quel principe, hormis celui de l'entêtement ? On ne sait pas...

En fait, pour la circonstance, c'est toute la La France "saucisson-pinard" qui saute sur Eva Joly à bras raccourcis. Et pourtant, Eva Joly a simplement dit : "J’ai envie de remplacer un défilé militaire par un défilé citoyen". Un véritable crime de lèse-majesté, à en juger le tolé exacerbé émanant du microcosme politicard. Et pourtant, ces propos n'ont rien de franchement excentrique ni rien de franchement extraordinaire !

Le Fillon va même s'abaisser jusqu'à attaquer Eva Joly sur sa double nationalité. Racler les fonds de tiroir de la droite de la droite conduit ces gens-là à tout oser, même ce qui est indigne d'un premier ministre ou d'un président de la république. C'est décidément l'obsession du Front National qui joue à plein.

Et le Fillon de rajouter cette couche-là : "Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne de la tradition française, de l'histoire française et des valeurs françaises".
Du Grand Art...

Ces seuls propos symbolisent la dérive d'une droite à bout de souffle, dont le seul ressort semble être l'escalade xénophobe. Dans la foulée, à Libreville au Gabon, le Fillon se félicite pourtant de "la polémique" créée par ses propos selon Le Figaro.fr. Car c'est comme ça, dans la France de 2011 : un premier ministre se "félicite" d'avoir généré une polémique un peu brunâtre sur le terrain de la double nationalité, en clair et en filigrane sur le terrain de la xénophobie...


Ce n'est pas parce qu'on stigmatise un défilé militaire qu'on stigmatise la fête nationale.
Une nation ne se réduit ni à ses militaires, ni à ses exploits militaires passés, ni à ses prétendus "exploits militaires actuels", ni à ses défilés militaires.

Il est temps de remettre les militaires à leur juste place et de faire en sorte qu'ils cessent de s'approprier ce que l'on appelle la "Fête Nationale". Il n'y a aucune raison, ni aucune raison historique pour ça. Les bidasses ne sont ni plus "nationaux" ni plus "républicains" que le quidam républicain lambda. Ils doivent certes prendre place à un défilé national, mais il n'y aucune raison qu'ils restent en situation de monopole pour ça.

Non, ce n'est pas en étant militaire et exclusivement militaire que le défilé national est le plus "républicain". La France est d'ailleurs la seule nation en Europe à procéder de la sorte. Il ne suffit donc évidemment pas de se carapater derrière le mot "tradition" comme le fait le Fillon en compagnie de ses acolytes droitiers de l'UMP. La "tradition" en tant que telle ne justifie rien. Ce n'est pas parce qu'une ineptie est "traditionnelle" et dure depuis des lustres qu'elle doit forcément perdurer ad vitaem eternam.

S'il faut parler de "tradition", alors on peut noter que le fait de faire défiler ses militaires le jour de la Fête Nationale est en fait l'apanage des régimes... totalitaires.
Nos aimables gouvernants ainsi que nos aimables postulants au pouvoir seraient bien inspirés de cogiter d'abord là-dessus, en vérité.

Quant à la dénommée Joly : elle ne m'est pas extraordainrement sympathique à priori. Mais en mettant les pieds dans le plat sur ce terrain, j'avoue que sa cote personnelle remonte à mes yeux. Il est possible que je finisse quand même par voter pour les Verts au premier tour 2012...

C'est Brassens qui disait dans l'une de ses chansons :
"Le jour du 14 juillet,
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas".

Gageons que ces paroles interpellent et font sourire plus d'un Français. Un véritable défilé républicain, ce serait un défilé pour les classes vives de la Nation. Il n'est vraiment pas évident que les bidasses constituent une classe "plus vive" de la Nation que n'importe quelle autre classe de la dite population. Ce n'est pas verser dans un anti-militarisme béat que de dire cela.

A titre purement personnel, je pense qu'il faut être un sacré blaireau pour assister à ce genre de parade bidassière sur les Champs Elysées.

A l'origine, la révolution Française est républicain et révolutionnaire. Je ne vois donc vraiment pas pourquoi j'irais voir défiler des bidasses je jour du 14 juillet, et ce n'est même pas leur faire insulte que de dire ça.

Olive M