OliveM

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Poil à Gratter pour démanger

vendredi 20 juillet 2012

Au sujet des « heures supplémentaires » et de leur (juste) refiscalisation…


Ceci est un post envoyé au journal « Le Parisien », suite à un très curieux papier publié le 19/7 sur ce sujet qui défraie la chronique depuis plusieurs jours



Bonjour,

Ce 19/7, vous publiez un papier commentant les débats parlementaires sur la "refiscalisation" des heures supplémentaires. Ce papier est non seulement tendancieux, mais par surcroit assez primaire parce que purement partial même très partisan. C'est pour ainsi dire digne sur Bigaro, il faut bien le dire.

Ainsi, vous prenez une page complète pour vous épancher sur les problèmes de pouvoir d'achat que cela peut effectivement soulever chez ceux qui ont la chance d'avoir un travail, et qui par surcroit ont la chance de pouvoir faire des H.S. 

MAIS VOUS NE DITES PAS UN MOT sur les  4 millions de demandeurs d'emploi (dont 3+ millions de chômeurs complets) qui n'ont ni la chance d'avoir un boulot... et, partant, ni la chance de faire des H.S.

Cette façon de ne présenter qu'un aspects du problème (socialement un aspect malheureusement secondaire) en faisant totalement l'impasse sur le problème premier qui reste celui des sans emploi n'est ni sérieux, ni, surtout, très honnête. Ce faisant, vous emboîter purement et simplement le pas à cette droite qui, depuis une semaine, ne nous parle que du pouvoir d'achat des personnes (ayant un emploi) ainsi impactées. Le tout sous couvert de cette fameuse rhétorique dur les « classes moyenne » ayant pour but de les à des faims de pur clientélisme électoral !).

Et d'évoquer ce sketche assez édifiant du dénommé "Lellouche" avec ses histoires de "commis boucher rue des Martyrs" (propos assez pitoyables, au plan du procédé), sans même évoquer le fait que son fameux "martyr" de commis boucher a, à tout le moins, la chance ET d'avoir un boulot, ET de faire des H.S.  Tout ça n'est pas très sérieux, en vérité.

Dans la même veine :  pas un mot sur les 3 milliards d'euros qu'aura coûté à l'Etat cette défiscalisation, ni sur ce qu'on aurait pu faire avec une telle somme pour s'attaquer au problème du chômage de façon structurelle (améliorer Pôle Emploi, formation des chômeurs, relance, etc.).  Là non plus, ce n'est vraiment pas très sérieux, et encore moins "objectif".

Votre présentation des choses est donc unilatérale, donc caricaturale.
L'injustice de cette défiscalisation était à l'évidence bien plus injuste pour les gens sans travail que la perte de pouvoir d'achat que va engendre la refiscalisation de ces heures supplémentaires... pour ceux qui ont la chance d'en faire.  Et après tout : personne n'empêche à ces gens qui ont un emploi de faire des heures supplémentaires. On dit simplement qu'il faut taxer ces heures supplémentaires... simplement comme sont taxées les heures normales.  Ni plus ni moins.  Pas de quoi crier aux loups comme le fait la droite depuis une semaine ! 

Cet exemple est symptomatique des différences qu'il peut y avoir entre droite et gauche, dans ce pays.  Là où la gauche prône une meilleure répartition des sacrifices à faire face à la crise, la droite ne fait en réalité que prôner un avantage encore supplémentaire... à ceux qui, ce vous en déplaise, sont quelque part déjà privilégiés.

Sans parler du fait que, pendant ce temps-là, l'Etat lui-même verse des indemnités de chômage à ces chômeurs, indemnités dont le montant est bien supérieur au delta+ de pouvir d’achat procuré à ceux qui ont déjà la chance de bosser et de faire ces heures supplémentaires On n'est donc pas seulement dans l'inique au plan du social et au plan du Principe :  on est ausi dans le registre de l'inefficacité au plan de la politique économique et budgétaire (dépenses de l'Etat). 

Quand il son mis ça en place en 2007, Monsieur Sarkozy et ses amis osaient nous annoncer que ça contribuerait au redressement de l’emploi !  Non seulement ça n’a pas été le cas, bien entendu… mais par surcroît ça n’a fait que gréver l’emploi !  Et pas eulement en favorisant ceux qui avaient un emploi au détriment de ceux qui n’en avaient pas :  également en grèvant la consommation, dans la mesure où l’élasticité de la consommation / revenus est par définition plus élevé chez les sans-amploi que chez cuex qui font des heures supplémentaires  (notion de « propension à la consommation ») !
Tout ça n’a donc vraiment ni queue ni tête, en vérité. Pas besoin d’avoir fait Polytechnique ni l’ENA pour le comprendre.



Même si l’on était en phase de pleine croissance florissantes, octroyer de tels avantages sur les heures supplémentaires ne se justifierait guère, au plan du Principe.  Alors en phase de quasi-récession…

Autre chose  vous dites dans ce papier (je cite) : "La droite avait promis de ne pas laisser passer la fin de «  travailler plus pour gagner plus » ...  elle a tenu parole" (sic) ?  Curieuse façon de présenter les choses, sachant que de toute façon la droite est lourdement minoritaire.  Ce n’est pas parce qu’elle s’agite comme elle le fait depuis ces derniers jours… que c’est d’une quelconque efficicacité.  Au-delà de ces gesticulations de façade : dans la vraie vie, la « droite » ne peut pas s’opposer à quoi que ce soit.  Certes elle ne se prive pas de brasser de l’air, mais de facto elle donc bien contrainte de « laisser passer »  cette juste fin (le mot est faible)  du trop fameux «  travailler plus pour gagner plus ».

Le reste, ce n’est que de la politique -spectacle. Ici pour amuser la galerie sur les bancs de l’Assemblée.

Dernier point :  chez les partisans de la défiscalisation des H.S, on entend souvent cet argument spécieux selon lequel revenir sur cette défiscalisation conduirait à favoriser le retour de « plus de travail au noir ».   Evidemment n'importe quoi, et pour une raison toute simple : les chômeurs et demandeurs d'emploi (ici lésés par cette défiscalisation droitière des H.S)  sont évidemment bien plus portés sur le "travail au noir"... que les gens qui ont déjà la chance ET d'avoir un emploi, ET de faire des heures supplémentaires !!!

Si l'on veut vraiment s'attaquer au travail au noir, c'est bien sur d'abord au chômage qu'il faut s'attaquer, au lieu de péréniser des avantages fiscaux pour ceux qui ont la chance de ne pas être chômeurs !!!
C.Q.F.D

OliveM

2 commentaires:

  1. Votre analyse oublie l'entreprise / la compétitivité.

    Le travail n'est pas un gateau qu'on se partage.

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  2. Je ne pense pas avoir "évacué" le facteur "compétitivité".
    Simplement, ce n'était pas le sujet ici traité.
    On nous rabache à longueur de journées ces histoires de "compétitivité". Mais il faut savoir que tous les modèles montrent que la productivité du facteur travail est, en France, l'une des plus élevées en Europe. On ne l'entend jamais dire, mais cette productivité est même plus élevee qu'en Allemagne.

    Les gens confondent trop souvent le facteur "compétitivité horaire du facteur travail" et "cout salarial horaire". Ce sont certes deux choses à mettre en regard l'une de l'autre, mais ce sont deux choses bien distinctes et qui peuvent évoluer de façon radicalement différente.

    Le coût salarial horaire Français est situé dans le premier tiers des pays industrialisés. Une bonne dizaine de pays présentent un coût salarial horaire supérieur.

    La productivité horaire Française est parmi les plus élevées de ces mêmes pays industrialisés. Le classement de la France sur ce critère est meilleur que le classement de la France sur le coût horaire n'est mauvais.

    Je bosse à l'INSEE et je tiens à votre dispositions toutes ces données.

    Quant à votre seconde phrase : c'est là un discours à consonnance ultra-libérale, qui dénie les faits en matière d'évolution du partage de la valaeur ajourtée. Sans tomber dans un discours de dialectique marxisante (loin de moi une telle idée) : ne vous en déplaise, le produit du travail est bien un gâteau qu'il faut (faudrait) se partager.

    Si vous aviez accès à l'évolution sur moyenne période du partage de la valeur ajoutée, vous seriez bien obligé de reconnaitre - même si ça semble vous déranger - que la rémunération marginale du facteur travail a évolué de façon défavorable depuis 20 ans... et ce au profit - c'est le cas de le dire - de la rémunération du facteur "capital".

    A ce titre : l'une des mesures à on sens emblématique de ce début de "Hollandisme", c'est le fait d'en être ENFIN veni à taxer les dividendes - chose que jamais la droite n'a jaais accepté de faire, BIEN EVIDEMMENT. Sachant que cette taxation ne se fera dans un 1er temps qu'à hauteur de 3%, ce qui bien entendu est insuffisant, du moins si l'on voit à moyen et long terme.

    En espérant avoir répondu à vos interrogations ?
    D'autres questions ? :-)
    olivem

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