OliveM

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Poil à Gratter pour démanger

jeudi 12 juillet 2012

Cogiter un peu, sur le cas "PSA" ???

Voici une prose (ici un peu "remaniée") que j'ai commise sur les réseaux sociaux, lors d'une discussion récente liée à ce qui se passe chez PSA (12/7).

(...)
1 /
Ici, pour PSA : il faudra faire en sorte d'y voir clair sur les tenants et TOUS les aboutissants. Pas seulement sur le nombre de licenciés "au bout du tuyau social". La vérité, c'est que la principale "variable d'ajustement", c'est toujours le même, in-fine : les effectifs salariés.


2 /
Il faudra notamment voir comment PSA en est arrivé là.
Il ne suffit pas de nous dire : "C'est la faute au marché Européen qui se contracte". Ni Renault ni VW n'a de tels problèmes.
===>  clairement, il y a eu des erreurs de stratégie industrielles et commerciales patentes, sur le moyen et long terme.

PSA a cru bon d’investir dans le moyen-jaut de gamme et dans le haut de gamme, alors que ça ne correspond pas à la tendance du marché Français telle que l’on d’ailleurs observé Renault et d’autres boîtes étrangères. Et plus grave peut-être : ce faisant, il se sont grillés sur leurs marchés à l’exportation, qui est d’abord celui des pays dits « émergeants » !  C’est ainsi que PSA n’exporte pas la moitié de sa production, là où Renault en exporte plus de 60%.

3 /
L'Etat a un droit de regard, ainsi que les contribuables Français. Et pour une raison tout simple : l'accumulation des aides publiques ou para-publiques dont une boite comme PSA a pu bénéficier depuis des années (je ne détaille pas, je n’en fais pas ici la liste).


4 /
Et bien sur... il faudra faire la lumière sur ce qui se divise comme dividende aux "actionnaires" (famille Peugeot, mais pas seulement, loin de là) chez PSA, et dans quelles conditions (ça, c'est toujours très "opaque".


On rappelle quand même que toutes ces "curiosités" ont court depuis des années, avec l'assentiment implicite d'un pouvoir de droite, lequel vient aujourd'hui dispenser de "beaux discours" en matière de "productivité" et de "coûts salariaux".

Si ce n'était que c'est in-fine dramatique au plan social, on pourrait presque en rire...


5 /
Sur moyenne et longue période, le fait marquant c'est que des boites comme PSA sont guidées à 80% par les résultats financiers à court terme. C'est pourquoi, par exemple, PSA n'a quasiment pas investi dans la voiture électrique (indépendamment de ce qu'on peut penser de ce créneau, en termes de stratégie de long terme).

Et, plus grave (au plan de l’efficacité industrielle comme au plan du « Principe ») c'est aussi pourquoi ils continuent de distribuer autant (voire plus) de dividendes à leurs actionnaires, en dépit d'un chiffre d’affaire à la baisse. Ce qui est autant de FRIC non ré-injecté dans l'appareil productif afin de faire des gains de productivité.


C'est surtout ce point-là, qui est dégueulasse. Surtout quand on sait toute la tune publique ou para-publique qui est passée dans l’aide plus ou moins affichées faites au « secteur automobile ». Ce en dépit du fait que l'Etat ne soit nullement présent dans le capital d’une boîte comme PSA. La droite nous abreuve sans cesse de son discours poujadiste « anti-assistés » et « anti-assistanat ». Mais elle ne nous parle jamais de ce mode d’assistanat qui consiste à parachuter des aides à des boîtes comme PSA… sans aucun droit de regard sur ce qui s’y trame ne fusse qu’à moyen terme, et de facto sans aucun « retour sur investissements » sur le moyen et long terme (…)

6 /
Pour en revenir à ces histoires de « dividendes » :  la droite est restée durant des lustres aux manettes. Elle a toujours refusé de taxer les dividendes.

La gauche social-démocrate bon teint commence à peine à le faire (à hauteur de 3%,  ça a été décrété il y a quelques semaines).

Mais s'il l'on veut afficher un réel volontarisme industriel en haut lieu... il faudra évidemment aller bien au-delà !  Sur ce point précis, comme sur bien d’autres.  On ne peut compter sur la droite pour AUCUNE véritable "politique industrielle". Ce n'est ni sans ses schémas de pensée, ni dans sa "culture", ni dans l’intérêt des profits de ses amis-protégés du CAC40 (ndlr – ceux qui vont dîner au Fouquet’s puis qui partent en croisière en yacht avec Sarko lui-même, comme en 2007 juste après le brillant succès électoral qu’on sait). 

Non, la « culture » de la droite Française, c'est celle de la fameuse "main invisible" libérale, sensée réguler "par magie libérale" les marchés et nous garantir un (« le ») soit disant l'optimum collectif "sociétal" (celui de Pareto, en schématisant à peine) grâce aux jolis principes divins de "l'Economie dite de marché pur porc" (le mythe libéral par excellence).



Pour en finir avec PSA, de façon plus prosaïque (dans la vie « réelle ») :  il faut savoir que le patron de PSA s'est lui-même (ou son CA) augmenté de + de +200%, en 2010.  Il faut savoir aussi, autre exemple, que la famille Peugeot est la première famille exilée fiscale en Suisse, en termes "d'économies fiscales" ainsi réalisées.


L'est pas "belle", la vie ?

Olive M

PS - quant au fait que cette annonce des Kadors de PSA ne se produise qu'après les élections et non en temps voulu c'est à dire il y a quelques temps déjà (secret de Polichinelle)... chacun aura compris ce qu'on peut (doit ?) en penser !  Un scénario auquel nous allons avoir droit à plusieurs autres reprises dès cet été, à priori...
.



3 commentaires:

  1. Je partage plutôt favorablement et largement l'avis exprimé dans cet article par Olive Montel, pensant effectivement que la stratégie de P. S. A. est loin d'avoir été exemplaire. Les diverses aides massives fournies au long des années précédentes par l' Etat français à P.S.A. me semblent aussi assez douteuses...
    Antoine F.

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  2. D’autant que le coût de la main d’œuvre sur une voiture tourne aujourd’hui autour de 500 euros, ce n’est donc pas ce levier là qui explique la débandade de PSA, mais plutôt le manque de clairvoyance dans la stratégie industriel et marketing de la direction, le refus de la famille Peugeot de faire des alliances industrielles stratégiques qui auraient dilués leurs pouvoir, et par la même réduit la politique de largesse dans la redistribution des dividendes. Une fois de plus, la direction échoue, mais c'est l’ouvrier de base qui paye les pots cassés.

    Laurent N. Volatile mosellans.

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  3. De toute façon, toutes les séries économétriques de moyen terme le prouvent : l'évolution du partage de la valeur ajoutée n'est pas favorable aux salariés, en France. Y compris par rapport à certains pays concurrents Européens...

    La France est même l'un des pays d'Europe où le différentiel entre taux d'imposition du facteur "travail" et taux d'imposition du facteur "capital" est le plus conséquent.

    La gauche "Hollandiste" aura-t-elle la gnack pour s'attaquer complètement à ce problème fiscal ? Personnellement, j'ai malheureusement un gros doute... Voir par exemple le papier interview de Thomas Picketty dans le NouvelObs, il y a quelques semaines de ça...

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