OliveM

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Poil à Gratter pour démanger

mercredi 28 juillet 2010

Un 14 juillet "françafricain" (la honte)


Le 14 juillet, la France s'est ridiculisée en faisant défiler 400 militaires Africains de tous poils sur les Champs Élysées, à l'occasion de la fête nationale du pays colonisateur. Pathétique. Gageons que cette excentricité aura apporté une petite touche d'exotisme à ceux qui seront allés voir tout ce beau linge se pavaner sur "la plus belle avenue du monde", transformée pour la circonstance en avenue "la plus post-colonialiste du monde" (...).

Question triviale : au nom de quoi la France commémorerait-elle (sur son propre sol) l'indépendance des pays Africains à l'occasion du 14 juillet ?
L'image et le symbole sont tout bonnement lamentables. Trois ans après un discours sarkozien nous bourrant le mou avec une approche France/Afrique prétendument portée sur un "réel partenariat" (sic), ce seul épisode traduit bien à quel stade de régression en est rendue la politique Africaine de la France.

Comme le disait tout récemment Diallo Diop, figure de l'opposition sénégalaise :
« On n'a jamais vu nulle part un maître et un ancien esclave célébrer ensemble l'abolition! Sinon, cela veut dire que l'abolition n'est pas réelle...»
Et M. Diop de continuer en disant : « L'indépendance gaullienne est un leurre, une tromperie, un attrape-nigauds ». Du franc CFA à l'ingérence française dans les affaires politiques, les ex-colonies ne seraient toujours pas indépendantes. Il n'y aurait donc aucune raison de fêter une indépendance de façade, indépendament même de la façon de "fêter" la chose en question (...)

L'archaïsme de cette conception purement françafricaine trouve malheureusement sa traduction sur des terrains très concrets, au-delà du seul symbole : la nomination à la tête de l'AFD d'un Dov Zérah, lui-même adepte patenté de la chose françafricaine et des diplomaties "parallèles" si chers à la politique dite "des réseaux" (...). Cette nomination à la tête de l'AFD traduit à merveille, malheureusement, l'influenc e croissante des réseaux de lobbying sauce "françafrique" sur la politique "Africaine" de l'ex-colonisateur.

Cette régression pose le problème de la crédibilité de la politique de la France en terres Africaines sur le long terme. Dans son édition du 8/7, Le Monde parle "d'impasse de la politique française à l'égard de l'Afrique".

Pour en revenir aux facéties défilatoires des trouffions Africains sur les Champs-Elysée le 14 juillet dernier : au-delà du côté dérisoire et presque comique de la chose, il faut savoir que certains de ces bidasses ont pris part dans un passé plus ou moins récent à des exactions dans leur propre pays... C'est carrément la honte ! On imagine la bobine des journalistes étrangers présents ce jour-là... sans même parler du fait que ce triste spectacle a laissé nombre de rédactions Africaines entre amusement et consternation (...)

Cerise sur le gàteau : le sieur Sarkozy n'aura assisté à aucune des cérémonies de commémoration organisées en Afrique. Une vision à la fois rétrograde, nombriliste et là aussi typiquement post-coloniale s'il en est.

Et de déclarer pompeusement le 13/7 lors des festivités à l'Elysée avec 12 "chefs d'état" africains : "C'est bien mal me connaitre que de penser que je serais nostalgique de quoi que ce soit...". On ne sait pas de quoi le sieur Sarko parle exactement quand il prononce le mot "nostaligique", ni même de quoi il est nostalgique au juste. Mais le fait est que la politique de la France en Afrique est de plus en plus"françafricaine" et met de moins en moins l'accent sur la notion de réelle "coopération".

Deux illustrations :
-- Kouchner et Joyandet compte (comptait pour le second) pour du beurre, c'est l'Elysée et uniquement l'Elysée qui tire les ficelles (les parant, Bourgi, Guéant, etc.). Côté français, il n'y a plus aucune dipplomatie officielle et transparente en Afrique.
-- encore une fois : la nomination du dénommé Dov Zérah à la tête de l'AFF est largement perçue comme un retour aux "fondamentaux" de la Françafrique, pour ne pas dire comme un retour de 30 ans en arrière par rapport à ce qui avait été entrepris depuis des années par Jean-Michel Severino.

Le détail qui tue : non seulement les seuls à tirer les ficelles pour la politique française en Afrique (s'il y en a une) sont en réalité les "conseillers" élyséens aux affaires "africaines" guéant, gourbi, parant et conssorts, mais par surcroît une marionnette comme joyandet (ex secrétaire d'état à la "Coopération" vient de se faire virer pour cause de scandales de jet privé et autres permis de construire frauduleux... sans même être remplacé ! C'est dire à quel point il ne servait en réalité pas à grand-chose si ce n'est de porte godillots de la politique passéiste du sieur Sarko en Afrique...

Un dernier chiffre "rigolo", pour la route : les fastueuses festivités "Nice 2010" de fin mai ont coûté la bagatelle rondelette de 10 (dix) millions d'euros (...). Pour dire : les 200 boites privées conviées à Nice ont été invitées tous frais payés (rubis sur l'ongle), pour la plupart d'entre elles pour "défricher le terrain" dans l'idée de se faire des couilles en or en terres Africaines. Amusant, non ?

Vu d'Afrique, l'effet cumulé de ces polémiques diverses et autres nominations contestées est évidemment désastreux. Quant au Quai d'Orsay, il pratique pour seule "politique" la politique de l'autruche : sur son site Internet il cherche à faire passer les relation diplomatiques "officielles" comme étant excellentes. Mais quand on a à faire aux Africains, le son de cloche dans "la vraie vie" est tout autre. Simple exemple du Mali : le secrétaire général du ministère des Maliens de l'extérieur, Mamady Traoré, dresse un état des lieux désastreux des relations diplomatiques entre les deux pays, cinquante ans après la fin de la colonisation. « Elles sont très mauvaises et traduisent un manque total de confiance », dit-il. « Rien à voir avec ce qu'on peut lire sur le site Internet du quai d'Orsay où les liens politiques sont qualifiés "d'excellents" ». Pour en savoir plus sur ce seul exemple Malien, voir le lien : http://minilien.fr/a0lcic .


Voir aussi à signer la pétition en ligne intitulée : "50 ans d'ingérence et de mépris, ça suffit !". Ce texte et cette pétition sont accessibles via ce lien : http://minilien.fr/a0ldgl


OliveM

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