OliveM

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Poil à Gratter pour démanger

mardi 8 novembre 2011

2007-2012 : Travailler plus pour gagner moins (du moins quand on a du travail)

Les récents développements du "plan d'austérité Fillon III" ne sont qu'une nouvelle illustration :
--> de l'impasse complètement erratique dans laquelle la Sarkozie se fourvoie (à tout le moins depuis 2007),
--> du mur dans lequel nos aimables gouvernants nous ont donc envoyé (à tout le moins depuis 2007).

Le slogan de campagne du candidat sarkozy était en 2007 : "Travailler plus pour gagner plus". Au point même de sacrifier l'idée naturelle de plus juste répartition du travail sur l'autel de la détaxation des heures supplémentaires. Quatre ans plus tard, la situation (dans la vraie vie) est : "Travaillez plus pour gagner moins".

Encore faut-il préciser que ce synoptique ne concerne que les heureux chanceux qui travaillent, étant donné qu'en réalité on en est quand même à plus de 4 millions de chômeurs - au-delà des chiffres "officiels" plus ou moins spécieux livrés par un Pôle emploi ou un Ministère du Travail.

Et ce n'est pas sur ce front que les choses vont s'arranger dans les temps qui viennent, étant donnés :
---> les taux de croissance à venir, asymptotiquement proches de 0 (zéro), en dépit de l'entêtement de nos gouvernants à miser sur 1% de taux de croissance en 2012 après avoir brillament misé sur +1%...
---> l'impact naturellement récessif de ce nouveau tout de vis et des nouveau tour de vis à venirDe facto, la politique Sarkoziste est un aveu d'échec et nous met dans l'impasse, au-delà même du fait que le système économique libéral nous met dans l'impasse.

De facto, la gestion des dépenses publiques s'aligne désormais sur la seule perspective de croissance prise comme une fatalité, mais aucun volontarisme public n'est mis en oeuvre... en matière de croissance. On se cantonne donc bel et bien à un schéma politique récessionniste qui consiste à subir - ou plus précisément à faire subir la fameuse "crise" aux couches moyennes et aux couches modestes. Avec acceptation implicite de l'idée de se mettre à genou devant la sphère financière et devant les agences de notation devenues sacro-saintes... depuis 2008 !

Un conseiller de l'Elysée disait récemment : « Si Nicolas Sarkozy perd le triple A, il est mort [NDLR : il est comme un andouille(tte)]. La philosophie de ce plan est simplissime et correspond à ce que souhaitent le FMI et les agences de notation ». On ne saurait être plus explicite, la messe est dite !

De toute façon, personne n'est dupe. Monsieur Sarkozy peut toujours tenter d'aller faire le malin devant les journalistes avec ses coups d'oeil en coin à Encula Merkel quand le cas "Berlusconard" est évoqué : il n'empêche que le budget Italien est équilibré chaque année, là où le dernier budget Français équilibré remonte... à 1974 !!!

Quand un Jacques Attali dit que dans la vraie vie la France n'a déjà plus tout à fait son "AAA", il sait ce qu'il dit : Attali est une grosse pointure, en matière d'économie et d'analyse financière !
Ce ne sont pas les dénégations d'un Marini au Sénat (lequel Marini pratique la langue de bois mais n'y connait rien) ou d'une Pécresse ulcérée qui y changent quoi que ce soit : il suffit de voir que la France règle des intérêts à des taux deux fois supérieurs à ceux de l'Allemagne pour comprendre que la France est plus proche en la matière des pays méditerranéens que de la "vertueuse Allemagne"... Même si la dernière mode en vogue est de vouloir "tout faire comme les Allemands" (le problème, c'est que la France n'est nullement armée comme l'Allemagne pour prétendre pouvoir jouer comme elle !!!).

Sans même statuer sur le bien fondé du fait d'être sous le joug des agences privées de notations, une agence comme Moody's a indiqué dès octobre 2011 que la France était sous surveillance, concernant son "triple A". Dans la mesure où les équipes en place dans tous les pays ayant été déclassé ont sauté... il est assez "naturel" que la Sarkozie et l'UMP flippent et en fassent une véritable fixette ! D'autant plus que la maison France ne dispose que de quelques mois de trésorerie : la situation est potentiellement calamiteuse. Quelque soit celui qui sera élu en 2012, il héritera d'une situation réellement catastrophique...



En 2007, le candidat Sarkozy s'était engagé à ne pas augmenter les impôts. Aujourd'hui, on voit où l'on en est rendu. Le plan Fillon III consiste en 30% d'économies budgétaires et 70% d'accroissement de la "pression fiscale" (selon la dénomination officielle).

Les économies budgétaires se feront notamment par le gel des prestations sociales, lesquelles toucheront surtout les plus modestes et conduiront à gréver plus encore la consommation.

Quant à l'accroissement de la pression fiscale, elle se fera de façon inégalitaire, en dépit des dénégations de façade d'un Copé, d'un Fillon, d'un Besson ou d'un Sarkozy :

---> l'accroissement du taux réduit de TVA se répercutera évidemment sur les prix, étant donné que l'élasticité-prix de la TVA est positive à la hausse et quasiment nulle à la baisse (l'exemple de la restauration l'a montré avec acuité),

---> l'accroissement de cette TVA grévera par définition des produits de consommation courant, donc le budget du quidam lambda des classes moyennes et des classes les plus modestes (en dépit des tentatives à la fois très imaginatives, très laborieuses, assez folkloriques et assez pathétiques du dénommé Alain Jupé pour qualifier la TVA "d'impôt très social" (sic).

---> la non indexation du barème de l'impôt sur le revenu fera que l'on peut changer de tranche et devoir payer plus d'impôts... même si en francs constants notre pouvoir d'achat n'a nullement augmenté (constat valable pour toutes les tranches de revenus, y compris celles du bas). Dans le même esprit de non-indexation : celle des prestations sociales conduira à une érosion du pouvoir d'achat des allocations familiales et des retraites (de façon linéaire concernant les retraites, indépendament de leur niveau), ce qui constitue bien une politique anti-sociale - qu'on l'admette ou non.

---> cette non indexation de l'IR conduirait à une ponction de 3,5 milliards d'euros par an, là où l'accroissement de la taxation du capital (dividendes et intérêts) ne rapportera que 600 millions d'euros dans les caisses de l'état. On sera donc bien loin d'un quelconque "rattrapage" entre taxation du facteur "travail" et taxation du facteur "capital" ! (un mal typiquement français, y compris en termes de compétitivité par rapport à l'Allemagne).

---> zéro remise en cause de l'allègement de moitié de l'ISF de juin 2011. C'était un gros cadeau pour les plus riches. Cadeau sur lequel la droite ne va bien entendu pas revenir...

---> enfin, cerise sur le gâteau : nulle part il n'est question de revenir sur la détaxation des plus-values en cas de cession d'entreprise (lumineuse idée de ©Monsieur Copé). Et dans le même registre : nulle part il n'est question de revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires, véritable fiasco ayant coûté bonbon (5 milliards d'euros sur 3 ans) et n'ayant non seulement rien rapporté (par définition) en termes d'emplois mais par surcroît n'ayant rien rapporté ni en termes de volume d'activité ni en termes de compétitivité. Le pompon !

---> Situation 2011 : en France, 1% des Français concentrent entre leurs mains 25% du patrimoins national. Ce taux de concentration va sans cesse croissant depuis dix ans. Il faut savoir que si l'on imposait simplement à hauteur de 1% ce dernier centile de patrimoine, ça rapporterait 25 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat. Soit dix fois plus que le coût d'embauche du 5 ans de 60.000 enseignants, perspective raillée par la droite pour son coût prétendument exhorbitant !!! - le tout dans un pays où le nombre d'enseignants pour 1000 habitants est inférieur à ce qu'il est dans tous les autres grands pays européens...

---> Dans son allocation TV de fin octobre en compagnie de ses deux brosses à reluire "journalistiques" de service, Monsieur Sarkozy s'est targué d'un accroissement de la dette inférieur (depuis 2008) à celui des autres pays européens, sous-entendu : "nous serions parmi les bons élèves". Hormis le fait que les exemples de comparaison cités (RU, Espagne, etc.) l'étaient de façon statistiquement spécieuse (NDLR - la comparaison de l'accroisement de la dette en % d'accroissement n'a pas grande signification, il faut la ramener au niveau d'endettement initial et au niveau d'endettement en % du PIB !), ce son de cloche ne tient malheureusement pas longtemps la route, à l'épreuve des faits : intox. La France est en réalité dans la moyenne de l'ensemble des pays Européens, ni plus ni moins. C'est la simple médiocrité de la simple moyenne. Pas de quoi pavoiser, contrairement à ce que tentait de faire là le Sarko, adepte de l'auto-satisfecit de pacotille. Et pas de quoi venir jouer les gros bras devant les journalistes à Bruxelle, en compagnie d'Encula Merkel.


Cinq chiffres résument assez bien la vaste supercherie dans laquelle nous a embarqués la Sarkozie :

1/ la Sarkozie entend caricaturer la proposition Hollandaise d'ouvrir sur 5 ans 60.000 postes d'enseignants. Arguant pour cela que cela coûterait beaucoup trop cher (2,5 milliards)... alors qu'en 2012 l'endettement de la maison "France" sera de 180 milliards d'euros !!! Précisons que la France est l'un des pays européens où le nombre d'enseignants pour 1000 habitants est l'un des plus faibles.

2/ la seule baisse de TVA dans la restauration depuis 2008 (complètement ineficace puisque sans aucun effet de levier sur l'économie ni sur l'emploi) a coûté plus de 5 milliards d'euros. En réalité du fric foutu en l'air.

3/ la seule promotion des niches fiscales (ainsi que leur non rabotage en dépit des discours de façade au rabais depuis début 2010) ont constitué et constituent depuis 2007 un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliards d'euros, là aussi pour une efficacité économique (en adoptant une optique libérale voire néo-libérale) quasiment nulle.

4/ depuis 2002, l'endettement de la maison "France" a été multiplié par 2 (par deux),

5/ enfin : le premier poste de dépense publique réside dans le seul facteur de la dette publique (les intérêts), ce qui montre à quel point c'est le serpent néo-libéral qui à l'arrivée se mord la queue (NDLR - plus l'Etat verse d'intérêts, plus les banques et financiers se font des couilles en or).

Ces 5 chiffres décrivent à eux seuls le triste bilan "économique" de 5 ans de Sarkozie. Le fiasco ne se pose donc pas seulement en termes de justice sociale (à l'heure où l'on augmente la TVA, impôts inégalitaire par excellence). Il se pose aussi en termes de cohérence et d'efficacité. Tout simplement.


Quant au domaine de la "symbolique", il n'a trait qu'à de dérisoires effets de manche limite "fouttage de gueule". Il en est ainsi (doux euphémisme) du gel des salaires du président de la République et des ministres.

En arrivant à l'Elysée, Nicolas Sarkozy avait augmenté son salaire de 140% pour le porter à une rémunération nette 19.331 euros par mois. Dans la même veine : le salaire du premier ministre reste fixé à plus de 22.000 euros brut, auxquels s'ajoute une indemnité de fonction ! Même su ce terrain de la prétendu "symbolique", on est donc asymptotiquement proche du fouttage de gueule pur et simple !

Enfin, la droite et l'UMP commencent à perdre les nerfs, confrontées à une situation politico-économique qui ressemble de plus en plus à une impasse. L'épisode de ce 8 novembre à l'Assemblée Nationale l'illustre bien. Monsieur Baroin a tombé le masque : il a complètement pété les câbles, jusqu'à oser railler la gauche pour être arrivée "par effraction" (sic) au pouvoir en 1997.

Cet épisode est symptomatique. Le petit Baroin re-deterre là cette vieille névrose latente de la droite française la conduisant à remettre en cause la légitimité des partis de gauche quand ils arrivent au pouvoir... par les urnes, émanation du vote populaire. Sous-entendu : seule la droite serait vraiment légitime, quand elle arrive aux manettes. Ce genre de dérapage illustre à merveille les aigreurs et l'esprit de provocation qui anime la droite Française. Tout ça est assez consternant : l'état major de Monsieur Sarkozy ne tient décidément pas beaucoup plus ses nerfs que son mentor de l'Elysée.

C’est là qu’on voit ce que certains donne comme sens au mot « démocratie »…. Un véritable déni de démocratie, en vérité. La honte. Le petit Baroin et un certain nombre de ses congénères UMP n’ont toujours pas digéré, 15 ans plus tard, la dissolution foireuse de l’Assemblée par leurs mentors Chiraquien et Villepiniste de l’époque ! C’est assez pathétique.


Olive M

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