OliveM

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Poil à Gratter pour démanger

mardi 21 février 2012

[ vu sur Arte] " Un monde dans tous ses états " - (21/2)

Je ne sais pas si vous regardez l'émission intitulée "Un monde dans tous ses états", sur Arte, le 21 au soir, à partir de 22h30.

C'était une émission remarquable (ou plutôt un film), que tout le monde aurait du voir.
Accessible, claire, didactique. Un film d'Hubert Védrine, qui se trouve être ancien ministre des affaires étrangères du gouvernement Jospin. Et en bonne partie présenté par l'intéressé lui-même, d'ailleurs - avec le concours du NouvelObs.


Grosso-modo, l'émission traitait de géopolitique, de l'avènement de l'ultra-libéralisme de la fin des années 70 et de ses conséquences aveugles aujourd'hui. Le tout replacé dans une perspective historique de long terme.

Les explots de Thatcher, de Reagan etc... fascinés par les thèses ultra-libérales du dénommé Milton Friedman, dont la parole était alors bue comme parole divine, incontournable, salvatrice et miraculeuse.

Cette "école-là" cherchant à nous faire gober cette fameuse, simpliste et illusoire vision dite de la "main invisible" - prétendument auto-régulatrice de tous les marchés... Du Grand Art.
Délire qui en réalité ne mène à aucun optimum social et qui nous a tous envoyé contre un mur.

Lubies de "croissance" sans fin (dans le seul sens, très réducteur, du PIB tel qu'il est calculé aujourd'hui dans la majeure pays occidentaux et même dans les autres), conjuguées aux forces de la seule dérégulation... Comme si le seul marché pouvait réguler les travers... du marché, justement !!!

Cet abruti de Reagan, au milieu des années 80 : "L'état n'est pas la solution, c'est le problème" (sic). On voit bien aujourd'hui à quel point il avait tord : si certains pays Asiatiques réussissent aujourd'hui, c'est justement grâce à la combinaison de certaines forces de certains marchés.


Années 2000 : on ne parle plus au citoyen que de l'endettement public.
Oubliant de dire qu'en réalité, les endettements publics découlent mécaniquement de certaines formes d'endettement de la sphère privée. Ça n'en est que l'image, ou plutôt la répercussion.

Plus aucun dialogue entre financiers et économistes, dérives du système financier débouchant au final sur l'économie "Casino" et, immanquablement, sur la fameuse "crise financière" de 2007/2008 que ce cher Sarko et ses copains du Fouquet's et du CAC 40 nous servent comme une prétendue fatalité et une incontournable "excuse"...

Alors même que ces mêmes gouvernants (de droite) nous faisaient la louange de l'ultra-libéralisme (Sarko, Madelin ...) comme étant "le meilleur système dans le meilleur des Mondes", encore dans les années 2000-2007...

Moyennant quoi (retour de boomerang) la fameuse "crise financière" en question se transforme aujourd'hui en crise économique et sociale durable et structurelle, dans la vraie vie...
Et le dénommé Sarko qui, en 2010/2011, découvre subitement, comme par miracle et sous la contrainte, les mérites de l'interventionnisme économique. On croit rêver.

Mode parenthèse ON >>>>>>>>>>>>
Avec un Sarko qui en 2007 nous bourre le mou avec ses inepties de "travailler plus pour gagner plus" - comme si le fait de "travailler plus et gagner plus" (pour ceux qui travaillent) pouvait conduire à un quelconque optimum de Pareto, dans un pays où il y avait déjà (au seul sens administrativo-politique du terme) presque 2,5 millions de sans-emplois.
Moins de 5 ans plus tard, ce fameux "travailler plus pour gagner plus" dans le baratin Sarkozien s'est brillamment transformé en "travailler moins pour gagner moins"... et avec encore plus de sans-emplois (au-delà des seuls chiffres politico-administratifs "officiels" : en réalité 4 millions de demandeurs d'emploi, au bas pied).
Et le Sarko et ses copains de l'UMP qui continuent de s'échiner à nous bourrer le mou... avec leurs assertions grotesques et dérisoires selon lesquelles tout ça "ce serait la faute aux 35 heures"... lesquelles 35 heures remontent à plus de 12 ans, dans un pays où 12 ans plus tard il y a en réalité 4 millions de demandeurs d'emplois et plus de 8 millions de personnes en-dessous du seuil de pauvreté, au sens du BIT. Ahurissant.
<<<<<<<<<<<< Mode parenthèse OFF

Pour en revenir à l'émission et à la fameuse "crise financière", donc :
Le meilleur symbole ou plutôt la meilleure illustration de tout ça, à mon avis c'est la façon pernicieuse dont les banques et le système bancaire ont été renflouées par les Etats venus à leur chevet, fin 2008 (un peu partout).

Les Etats prêtent alors aux banques à des taux défiants tout concurrence. C'est le contribuable qui trinquent et qui passe à la caisse.

A peine 4 ans plus tard : ce sont les banques privées qui prêtent aux Etats, à des taux prohibitifs !!
Cherchez l'erreur !!!

Dans ces conditions, comment s'étonner de l'incapacité des gouvernements à combiner assainissement des finances publiques... et croissance de l'activité réelle, c'est à dire de l'économie non spéculative comme dans les années 1995-2005 ???

Un capitalisme "Frankenstein", dont on voit les ravages aujourd'hui...


Sans parler du fait qu'en pareil cas, très "classiquement", ce sont les plus pauvres qui trinquent le plus, à commencer par les pays les plus pauvres : depuis 2007, la proportion des populations du Tiers-Monde qui souffrent de la faim est à nouveau à la hausse, notamment dans quasiment tous les pays Africains...

Ainsi va le monde "globalisé", globalisation-tarte-à-la-crème que ces beaux esprits (de droite, essentiellement), nous présente là aussi comme une fatalité et comme une incontournable "solution".

En réalité, comme c'était d'ailleurs assez bien dit dans cette émission : il y a les "mondialisateurs"... et les "mondialisés"...


J'espère vraiment que certains au moins d'entre vous auront vu cette émission sur Arte, laquelle avait aussi le mérite de replacer les choses dans une perspective historique de long terme : la suprématie de l'Europe et de l'Occident perçue et à percevoir en réalité comme une anomalie historique, au regard du long terme - ce n'est le cas que depuis 200 ans.
Auparavant... les "économies dominantes" étaient en réalité celles... de l'Inde et de la Chine !

La vision et le discours qui consistent à nous décrire la soit disant "émergence" de pays comme la Chine et l'Inde comme une nouveauté plus ou moins erratique et un scénario de domination extraordinaire (au sens propre, càd "sortant de l'ordinaire") est en réalité un discours assez spécieux qui fait fi de l'histoire des civilisations sur le très long terme. Quelque part, c'est au contraire un retour à une certaine "normalité historique des choses".

Mais au fait : où sont donc écrites ces paroles divines, selon lesquelles il serait "naturel" que les States dirigent la Banque Mondiale et les Européens le Fond Monétaire International ?

a+
Olive M

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