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Poil à Gratter pour démanger

dimanche 23 mai 2010

Garde à vue : la vision "simpliste" de certains syndicats de police

Adressé au Nouvel Observateur
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Le débat actuel sur les abus en matière de garde à vue a suscité des tentatives de justification de la part de plusieurs syndicats de police. Ceux-ci invoquent essentiellement la politique dite "du chiffre", politique qui leur est dictée par leur ministère de tutelle.

Même si la chose est avérée, ce seul argument reste simpliste. Certes la politique du chiffre contribue au nombre de gardes à vue et à leur banalisation, surtout depuis que M. Sarkozy est passé au Ministère de l'Intérieur en 2003. Mais cela n'explique pas les abus "qualitatifs", c'est à dire les dérapages récurrents, le mode de gestion calamiteux et les conditions dégradantes de mise en garde à vue, conditions matérielles mais pas seulement : toutes choses qui traduisent souvent une volonté de punir et conduisent à humilier. Ce qui en théorie ne devrait pourtant pas être la finalité d'une garde à vue (surtout si l'on tient compte de la présomption d'innocence)...

Les gendarmes et plus encore les policiers et leurs syndicats ne peuvent pas se contenter d'invoquer la politique du chiffre qui vient d'en haut.
D'autres explications sont à trouver,
Y compris, malheureusement, dans la culture et dans la psycho-sociologie comportementale des fonctionnaires concernés, dans le discours plus ou moins implicite qui leur est délivré par leur hiérarchie et par leur ministre de tutelle, voire dans ce possible sentiment diffus d'impunité entretenu par l'absence de réelles sanctions professionnelles en cas de faute avérée.

Tout ça est assez à l'image de l'évolution très "sécuritaire" de notre société et de l'instrumentalisation du débat sur l'insécurité, qui plus est sans résultat tangible comme le prouve l'évolution sur moyenne période des chiffres sur la délinquence.

Olivier Montel

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