OliveM

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Poil à Gratter pour démanger

mardi 25 mai 2010

[LONG]  Situation BUDGÉTAIRE française, Euro, situation FINANCIÈRE européenne : un débat instructif le 19/5 sur FR3 (ZÉRO spécimen UMP sur le plateau)

Bonjour,

Le 19 mai dernier, il y avait en seconde partie de soirée deux émissions/débats sur la situation économique et financière en France, en Europe et sur l'Euro. Dont une assez instructive sur FR3 avec Jacques Attali. Bizarrement, aucun représentant de la sarkozie ne s'était invité sur le plateau. 
Hypothèse ; quand Attali se pointe pour décrire la situation de la France et les politiques menées depuis 8 ans, même Alain Minc et ses copains restent carapatés dans les couloirs de l'Elysée.

CONSTATS ET (tristes) PERSPECTIVES
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Eh bien la situation n'est pas brillante.
De 2002 à 2012, la dette de la France aura doublé : passant de 900 à 1800 milliards d'euros. Soit 800% des recettes annuelles fiscales, ratio qui est plus signifiant que le taux classique dette/PIB. Au rythme où vont les choses, d'ici dix ans et selon quelqu'un comme Attali (mais pas seulement), il risque de ne plus y avoir d'Euro. Pour ce qui est du cas français, c'est forcément la droite qui est aux premières loges : ça fait quand même bientôt 10 ans qu'elle est aux manettes... et ça n'est qu'au bout de 8 ans que M. Sarkozy semble découvrir la nécessité d'une "politique industrielle" et les vertus d'une certaine "régulation", voire d'un certain "dirigisme" et d'un certain "colbertisme"... Depuis un an, c'est un véritable retournement de veste que semble avoir effectué à l'épreuve des faits le monde de la Sarkozie, par rapport à ses fameux dogmes libéraux de sa campagne électorale de 2007... 

Le problème ne date pas même de la Sarkozy à proprement parler. Ça remonte à la Chiraquie. Et la situation s'etait déjà bien dégradée avant la fameuse crise financière de 2008 qui serait, à écouter MM. Sarkozy, Minc, Copé et autre Lefèbvre, à l'origine de la situation comptable actuelle de la maison "France".

La vérité, c'est que plus de 60% des 140 milliards de notre dette actuelle sont dues aux moindres recettes liées aux baisses d'impôts très "sélectives" orchestrées depuis 2006. Et le  problème, c'est que ces baisses d'impôts, effectuées essentiellement au profit des hauts revenus et bénéfice du facteur "capital", n'ont eu que très peu d'impact sur l'activité économique et en termes d'investissements. En clair, le postulat très libéral sur lequel reposait le quinquennat économique et financier de Monsieur Sarkozy s'est avéré inopérant. Mauvaise pioche : même  certains responsables de droite le reconnaissent, en filigranne et/ou en katimini. A supposer même que la droite ait vraiment cru à une telle efficacité dans les années 2005, elle s'est tout bonnement plantée. Les leviers supposés s'activer avec ces réductions d'impôts ne se sont pas activés. Un épisode historique de plus au passif du "laisser faire", de l'illusoire "main invisible du marché" et de la chose financière de court terme. Un épisode historique de plus à l'actif d'une nécessaire régulation et d'une politique de long terme.

Quelque part, la dette de l'État (des états) est le fruit d'années de libéralisme dogmatique, de défiscalisation des entreprises sans contreparties productives suffisantes, de défiscalisation du capital sans contreparties productives suffisantes, de défiscalisation des dividendes sans contreparties productives suffisantes, 
de défiscalisation des plus hauts revenus sans contreparties productives suffisantes.

TROIS EXEMPLES ...
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... ont été cités lors de cette discussion sur FR3 :
--->  la baisse massive de la TVA dans la restauration n'a pas eu les effets escomptés à Bercy. Ni en termes de prix, ni en termes d'activité, ni en termes d'emploi : au mieux 50.000 créations d'emplois sur 2 ans, souvent des emplois précaires, ce qui est famélique ramené à nos 3 millions de chômeurs. Or cette baisse de TVA a quand même privé les caisses de l'État de 3 milliards d'euros, soit 6 fois ce que "rapporte" chaque année le non remplacement d'un départ à la retraite sur 2 dans la fonction publique. Lequel non remplacement a coûté 100.000 emplois en 3 ans. Clairement, au-delà de tout à priori idéologique, le compte n'y est pas !

--->  les multiples niches fiscales, et dans une moindre mesure le fameux bouclier fiscal, ont privé les caisses de l'État de 50 milliard d'euros. Là aussi pour un impact très minime sur l'activité et sur l'investissement. L'exemple le plus médiatisé, même si ça n'est pas le plus contributif, c'est celui des fuites de capitaux et de l'expatriation des gros revenus : en fait ce petit train-train a continué peu ou prou comme avant. Ça n'a eu aucun effet tangiblec en termes de relocalisation. Et il ne s'agit pas seulement du cas des quelques grosses pointures du tennis et du showbiz dont on parle dans les médias....
--->  les divers avantages fiscaux accordés aux entreprises n'ont pas stimulé l'investissement productif, ou bien peu. Ils ont certes conforté l'épargne des classes dirigeantes, mais ça s'est plus retrouvé dans la grande finance, la spéculation et les volumes d'échange sur le CAC 40 qu'autre part.
Question : faut-il réellement s'en étonner politiquement, quand on sait que les meilleurs alliés (les principaux alliés ? Les seuls alliés?) de la Sarkozie sont en réalité les grands patrons... du CAC 40 (*) ?

(*) hormis Carlita B-S, la "1ère dame de France" qui en 2007, ironie de l'Histoire, faisait l'apologie de la "polygamie" et de la "polyandrie" dans les colonnes du Bigaro Madame...

D'OÙ CERTAINES ÉVIDENCES ...
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... dont certaines sont assez triviales :  
--->  pour relancer l'investissement, les exonérations fiscales ne suffisent pas : il faut qu'il y ait des perspectives en termes de demande !  De mémoire : niveau cours de macro-économie en première et seconde année de Fac "Économie" (...).
--->  la France est l'un des pays européens où l'on épargne le plus, et où l'on investit le moins. Exemple typique : la défiscalisation des plus-values sur les cessions de filiales d'entreprises. Cette mesure passée quasimment inaperçue a été adoptée en katimini il y a deux ans, en une seule nuit au Parlement, sur la brillante initiative du dénommé JF. Copé. Monsieur Copé : le chef de file des parlementaires UMP, sorti très médiocrement de sa promo de l'ENA 1989 selon Sophie Coignard (journaliste au Point), se disant "avocat de formation", donc accessoirement beau parleur. Résultat des courses dans la "vraie vie" : cette mesure d'exonération a coûté 10 milliards d'euros aux caisses de l'État, sans que ça n'apporte rien au système productif. Dix milliards directement passés dans la poche du patronat, au mauvais sens du terme càd sans aucun impact sur l'investissement productif. 
--->  sur des coups comme ça, l'UMP ne s'est pas révélée QUE bornée ; elle s'est AUSSI révélée in-com-pé-tente. Et dire que ce JF. Copé a été ministre du budget en Chiraquie !  Quelque part, ça revient vraiment à laisser les enfants jouer avec les allumettes... Sans parler du caractère monomaniaque de l'interressé,  dès qu'il entend le mot "Pouvoir" : dans la "droite" ligne des Chirac & Sarkozy. À tel point qu'il se voit déjà siéger sur le Trône de l'Elysée en 2017 (ça promet...).

DE FAÇON PLUS PROSAÏQUE :
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--->  le non remplacement chaque année d'un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique "rapporte" dans le meilleur des cas 500 millions d'euros. En réalité assez peu, pour l'un des totems de l'ère Sarko, déjà passé depuis un certain temps au stade de la tarte à la crème obsessionnelle.
--->  en théorie, la réduction du maquis des niches fiscales peut rapporter 50 (cinquante) milliards d'euros par an.
--->  en théorie, ce que l'on appelle pudiquement "de meilleures rentrées d'impôts" dans les couloirs de Bercy peut rapporter 40 (quarante) milliards d'euros en 2 ans ! (estimation officieuse UMP).
-->  la création de ce que certains "moutons noirs" de droite appellent déjà "prélèvement spécial pour les riches" (illustration de la schizophrénie fiscale grandissante en Sarkozie) peut rapporter 5 milliards d'euros par an.

EN CLAIR :
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--->  éviter les déficits actuels était tout à fait possible, même si rien n'est simple pour qui que ce soit.
--->  remettre d'ici à 2012 les finances publiques si ce n'est à flot du moins sur une pente acceptable est également possible [50 milliards à minima], à condition d'un volontarisme fiscal minimal et équitable, abstraction faite de tout raccourci idéologique. Et à condition aussi qu'on retrouve le chemin d'une CROISSANCE a minima. Car ce qui rend la dette rapidement intenable, c'est la conjugaison entre son accroissement et l'absence de CROISSANCE.
--->  plus on attendra, plus gérer la dette sera dûr. Comme elle est passée de 45% du PIB en 2002 à 80% fin 2009, le service de cette dette (grosso-merdo les intérêts) croit dangereusement et représente désormais le premier poste de décaissement de l'État ; 11% du PIB.
--->  enfin, cette dette trouve son financemement à hauteur de 68% sur les marchés financiers extérieurs. 
Toute aggravation budgétaire française risque donc de conduire à des taux d'intérêt à la hausse, crise de confiance oblige. Le service de la dette est donc potentiellement explosif.   
--->  l'un des paradoxes et des hyatus les plus cyniques, dans l'affaire, c'est que les attaques des déficits publics par les marchés financiers et les marchés spéculatifs font suite au sauvetage du système bancaire par les Etats eux-mêmes, à peine deux ans plus tôt.
De ce point de vue, la gauche de la gauche a quelque part raison quand elle souligne que les états européens pérénisent eux-mêmes la mainmise et les vices d'un système financier qui, aussitôt dépanné, reprend son train-train bancaire voire spéculatif comme si de rien n'était : notamment sur le dos des maillons faibles, càd sur le dos des pays en situation de plus grande fragilité. On a l'impression d'un engrenage sans fin, d'un scénario sans cesse recommencé. Question : comment les états peuvent-ils s'y prendre pour poser des gardes-fous ?


TOTEM IDÉOLOGIQUE EN SARKOZIE...
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Même si la chose sociale-démocrate voire sociale-libérale ne fait pas forcément "fantasmer à mort", force est d'admettre qu'on ne serait probablement pas arrivé à de telles situations avec un Attali, un Delors, un  Rocard ni même un certain DSK...

En réalité, certaines suppressions d'impots "sarkozistes" ont été adoptées par pure idéologie. Au fait que ça n'a pas eu d'efficacité au plan économique s'ajoutent les problèmes de justice sociale que posent les dérives d'une fiscalité qui respecte de moins en moins le principe de "progressivité de l'impôt", malgré quelques tout récents signaux émis par une Sarkozie aux abois, suite à la déculottée des Régionales ("Élections régionales... Conséquences régionales", s'obstinait à nous dire effrontément le locataire de l'Elysée peu avant le 1er tour du 14 mars 2010...).
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Parenthèse, ou séquence "DRÔLERIE"
(surtout quand on lit le rapport de l'INSEE de mars 2010 sur l'accroissement des inégalités de 2006 à 2009 !
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Ce qui est croquignol avec le sigle "UMP", c'est la lettre "P" ; ça veut dire officiellement "Populaire".  "P" comme "Populaire". C'est sans doute à Neuilly sur Seine ou dans le XVI-ième ardt de Paris qu'on a eu cette brillante idée !
Comme aurait dit l'infâme et regretté Desproges : "Étonnant, non?".
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Sur ce terrain d'une prétendue inflexion de la politique fiscale en Sarkozie, que personne ne soit dupe. Dans le meilleur des cas, ce ne sera que cosmétique et rustines, assorties d'effets d'annonce politico-médiatiques savemment matraqués. Et plus vraisemblablement, ce discours tout récent et complètement contre nature tient plus du symbole et de la tactique politicienne qu'autre chose.  Changer structurellement la donne fiscale en termes d'efficacité économique et de justice sociale nécessiterait une remise à plat du système fiscal tout entier. Il s'agit là d'un serpent de mer qui pose problème même à gauche et au PS...

D'une part, les toute dernières inflexions de la rhétorique sarkoziste sur le terrain fiscal dénote une quasi-schizophrénie grandissante au sein de l'UMP.  Face au déficit public croissant, il est possible que certains à droite se rendent compte confusément qu'on est dos au mur et que les dogmes purement néolibéraux ne peuvent plus tenir. Ce qui signifie que le postulat et le contrat électoral sarkozistes de 2007 volent en éclat (ndlr - le fameux et presque poétique "travailler plus pour gagner plus" - sous-entendu : pendant que les autres sont au chômage et/ou parmi les 8 (huit) millions qui sont sous le seuil de pauvreté) et/ou parmi les 3 (trois) millions de mal logés.  Mais la priorité des priorités, pour la plupart des UMPistes, ça reste le court terme électoral, donc la démagogie clientéliste. Sans parler de l'adage qui dit : "Chassez le naturel... il revient au galop !".

D'autre part, l'apparente cacophonie qui se fait jour au sein de l'UMP est en fait savemment orchestrée. La disparité des sons de cloche à laquelle on assiste  depuis quelques semaines en matière de fiscalité ne tient pas seulement de la schizophrénie : c'est aussi une douce "répartition des rôles" au sein de l'UMP. Chose vitale pour la droite sarkoziste,  dès lors qu'il s'agit de ratisser le plus large possible au rayon électoral.

Quelque part, on pourrait dire ça comme ça : "Comment taxer un peu mais pas trop les hauts revenus, les revenus du capital voire le capital lui-même - le minimum, pour sauver les meubles - mais en le disant aux uns (un électorat donné, grosso modo les classes "moyennes"), sans pour autant le laisser paraitre aux autres (l'autre électorat, classiquement droitier : grosso modo les hauts revenus, ceux qui pensent l'être et ceux qui s'imaginer pouvoir en être un jour grâce aux bonnes vieilles ficelles capitalistes classiques et purement "libérales").  Ou dit plus simplement :: "Comment taper du fric là où il y en a, sans le dire vraiment tout en le disant, mine de rien".  

Application pratique : pendant que M. Woerth se gargarise très posément en prétendant daigner "taxer aussi" les hauts revenus et le capital à l'occasion de la fameuse "réforme" des retraites (voir encore sur A2 le 20/5 chez A. Chabot),  M. Lefèbvre, porte-baratin UMP de son état, nous gratifie sans rire mais non sans faire rire de ce morceau de bravoure : "Le bouclier fiscal sortira solidifié et renforcé de la réforme des retraites" (le  17/5, Point Presse UMP). Les uns parleront de "grand écart". Les autres parleront de "quadrature du cercle". D'autres enfin parleront de schizophrénie et de bobards purs et simples... 

PLUS FONCIÈREMENT
(c'est à dire au-delà des compromis en coulisses, des magouilles sémantiques et des pirouettes politiciennes)
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---->  La conséquence la plus grave pour l'avenir et le long terme, c'est que l'état n'investit plus. Désormais, seules les collectivités locales investissent encore, du moins pour l'instant (ndlr - l'Elysée annonce déjà vouloir blinder de ce côté-là !). Ce qui va poser à moyen et long terme des problèmes dans tous les domaines, si on continue sur cette voie : moins de recherche, de plus en plus de problèmes pour l'appareil éducatif, pour l'université, et même dans certains domaines de l'état dits "régaliens". Un bel exemple est celui des médecins : depuis plusieurs années déjà on manque de toubibs (surtout dans certaines branches précises). On ne forme plus assez de médecins en France, et ce problème remonte au temps de la Chiraquie. Aujourd'hui, certains apprentis-médecins vont même se former en Roumanie.
---->  dit autrement : la dette publique est de plus en plus une "mauvaise dette". C'est à dire une dette qui ne prépare pas le terrain pour les générations futures.
---->  le travail en France aujourd'hui est globalement taxé à 45%. Le capital est taxé à 18%. Tant qu'on ne s'attaquera pas à cette aberration économique et sociale, on ne résoudra pas les problèmes budgétaires, ni celui des retraites, ni même celui du manque chronique de CROISSANCE. Ce différentiel a continué de se creuser ces dernières années. C'est pourtant N.Sarkozy qui disait en 2007 devoir revaloriser la valeur "travail" pour remettre la France au "travail" etc. etc. etc. Le fameux "travailler plus pour gagner plus". De sacré boniments, on s'en rend bien compte 3 ans plus tard.
Ce problème de CROISSANCE pose mécaniquement problème pour le déficit des caisses de l'Etat : ainsi, un point de PIB en moins, c'est 8 à 10 milliards d'euros de recettes fiscales en moins...   

UNE CRISE FINANCIÈRE ET DES DÉPENSES PUBLIQUES QUI ONT BON DOS
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Le discours qu'on entend comme quoi les déficits de l'État seraient dus en bonne partie à la crise de 2008 est évidemment fantaisiste Nos problèmes sont plus structurels que ça. Même si cette crise a constitué un facteur aggravant. Pour qui n'en est pas convaincu, il suffit de voir l'évolution  de la dette publique sur les 20 dernières années, en cliquant sur ce lien ====> http://minilien.fr/a0l99s
On voit que le décrochage a lieu essentiellement à partir de 2002.

L'autre discours selon lequel ces déficits publics seraient dus aux dépenses de l'état est simpliste, sinon caricatural : ce facteur explique au mieux 50 milliards sur les 140 milliards de dettes de l'État en 2009. Il n'explique pas le dérapage observé depuis 5 ans. Le chiffon rouge des fonctionnaires dans une fonction publique "pléthorique" tient donc plus du symbole que d'autre chose. 

Ce qui ne veut pas dire qu'il faut "laisser aller" les dépenses publiques. Il faut être réaliste. Il faudra sans doute réduire certaines dépenses, mais avec discernement. En préservant les secteurs les plus cruciaux socialement et les plus stratégiques à long terme ; notamment l'hôpital, la santé, l'enseignement, la recherche. 
Et non pas en claironnant sans cesse le "non remplacement d'un fonctionnaire sur deux parti à la retraite, à l'aveuglette" comme on est en train de le faire, plus ou moins au pif, sans aucune ligne politique rationnelle. C'est à dire en réalité de façon très idéologique. 

Cumulée sur l'ensemble du quiquénnat, cette tarte à la crème sur le dos de la fonction publique en tant que telle nous "rapporte" 7 milliards : pas terrible ! 

Certes on peut admettre que des gains de productivité sont possibles, par exemple dans des cas comme la Direction Génerale des Impots ou à la Poste (Internet, informatisation, etc). 
Mais pour le personnel soignant hospitalier et dans l'enseignement, par exemple, les marges de manoeuvres sont quasi-nulles et il faut rester in-trai-table. Le nombre d'infirmières reste étroitement lié au nombre de patients, et on ne voit pas bien comment ce nombre pourrait baisser, compte tenu du vieillissement de la population.  Le nombre de profs reste étroitement lié au nombre d'élèves, du moins à taux d'encadrement constant. 
Sur ce point précis, l'un des bobards les plus énormes qu'il a été donné d'entendre ces derniers mois, c'est celui émanant du ministre de l'Éduc'Nat, accessoirement porte-baratin du gouvernement. Luc Chatel, peu avant les Régionales, osait affirmer que les taux d'encadrement dans l'Éduc'Nat étaient restés  constants depuis 3 ans. Là, on est carrément dans le domaine du gros mensonge bien fallacieux. Dans la série sans doute : "Plus c'est gros, plus ça passe !". Oser dire ça à l'heure où l'on suggère de ne même plus remplacer les profs absents autrement que par des étudiants non formés et par d'ex-profs à la retraite, c'est vraiment se foutre de la gueule du monde de façon générale, et se foutre de la gueule du monde enseignant en particulier !  Tout ça dans un pays où il y a 3 millions de chômeurs... Monsieur Chatel ne manque pas d'air !  Il faut dire que les porte-baratins version UMP sont désormais passés maitres dans l'art de collectionner les âneries : F. Lefèbvre, D.  Paillé, L. Chatel... Un vrai remake des Pieds Nickelés !  F. Lefèbvre dans le rôle de Filochard, D. Paillé dans le rôle de Croquignol, et L. Chatel dans le rôle de Ribouldingue...  Au moins, on ne s'ennuie pas, en Sarkozie !  Comme aurait dit Jacques Prévert : "Au premier rang, les spectateurs se tapent sur les cuisses !". 

Jacques Attali dit qu'il va falloir trouver minimum 50 milliards d'ici à la Présidentielle de 2012. Même s'il y a un petit côté "Messie" chez Attali (séquelles probables des longs moments passés en compagnie de F. Mitterrand), il n'est pas né de la derniere pluie
sur ce terrain de la finance et de l'économie. Il parait que le gouvernement lui-même parle de "90 milliards" à trouver de 2011 à 2013... 
Cible qui constitue une véritable quadrature du cercle. Lors des épisodes de réduction des déficits de ces 30 dernières années, le rythme annuel moyen de cette réduction s'est situé entre 0,5 et 0,7 points de PIB. L'effort qui serait aujourd'hui demandé pour revenir à un déficit de 3% du PIB (exigence européenne) d'ici 2013 correspond à 1,7 point de PIB. Autant dire que c'est purement illusoire ! Entendre asséner froidement ce genre de cible, ça tient de la méthode Coué. C'est tout simplement la politique de l'autruche !

Quoi qu'il en soit, il va bien falloir tapper du fric là où il y en a, même si la Sarkozie refuse obstinément de parler de "rigueur". Et lever des impôts d'une façon ou d'une autre, en le disant ou sans le dire, même si ça ne correspond pas aux obsessions idéologiques sur lesquelles Sarkozy avait basé son quinquennat. La Sarkozie sera sans doute elle-même contrainte de  commencer à taxer "un peu plus" le capital : il faut tout bonnement "réparer" les baisses d'impots erratiques effectuées depuis 2006, essentiellement au profit des plus riches et des entreprises. Mais ne rêvons pas : tant que l'UMP sera aux manettes, ce seront essentiellement classes moyennes qui trinqueront. En dépit des tout derniers effets d'annonce qui ne tiennent en réalité que de la schizophrénie et des incantations électoralistes.

En Sarkozie, le sujet pourtant inéluctable de certaines hausses d'impôt dumment ciblées reste encore un sujet tabou. L'UMP nous a servi ça de façon tellement idéologique depuis des années qu'affronter la "vie réelle" ne peut être perçu que comme un échec non seulement par l'UMP elle-même, mais aussi bien sur par la clientèle électorale de la droite classique. Les lubies libérales purement idéologiques de la campagne électorale de 2007 : ils seront bien obligés de s'asseoir dessus à un moment ou à un autre. D'une façon ou d'une autre. En le disant ou en ne le disant pas. Eric Woerth ou pas Eric Woerth. Christine Lagarde ou pas Christine Lagarde (...). Comme disait Brassens : "La loi de la pesanteur est dûre, mais c'est la loi".  

Aux totems des uns correspondent parfois les tabous des autres, il faut bien le dire. Quand Aubry parle du plan de réforme des retraites au nom du PS, elle n'en parle en réalité qu'au nom d'une partie du PS. Ici le non allongement de l'âge de départ à la retraite et le non allongement de la durée de cotisation sont érigés comme de véritables tabous. A suivre...
Sachant que sur le plan des retraites, il faudra bien prendre en compte à un moment ou à un autre une meilleure répartition des gains de productivité sur le long terme entre valeur-travail et valeur-capital. Mais l'une des tares de la droite en général et du sarkozisme en particier, c'est qu'aucun volontarisme de long terme n'existe depuis 8 ans qu'ils sont aux affaires. 

Mais Aubry a forcément raison d'annoncer la taxation de 15% sur le profit des banques, lesquels profits sont à nouveau colossaux depuis 2009 : un an seulement après la crise financière de 2008. Crise à l'occasion de laquelle l'État a bien trouvé les milliards à leur prêter pour qu'elles se rétablissent, à des taux défiant toute concurrence !  Comme. quoi, les milliards, quand on les veut vraiment et qu'on est persuadé de leur utilité... eh bin on les trouve !

L'autre conclusion de ce débat sur FR3   (avec aussi un économiste d'ATTAC, François de Clausets l'affreux Fabius), c'est qu'il faut que les principaux pays européens se mettent d'accord sur plein de choses en matière de politique financière, fiscale et économique.

L'Europe monétaire stricto sensus (l'Euro, pour faire bref), ça ne peut pas suffire sur le long terme. Il faut un ministère du Tresor européen, des bons du Trésor européens, des emprunts à l'échelon européen et une harmonisation considérable des politiques bugétaires à l'échelon européen. Delors, DSK et Cie le disaient déjà il y a dix ans. Faute de quoi, selon Attali mais pas seulement, l'Euro n'existera plus dans dix ans. 

Malheureusement, il faut que certains pays soient au bord de la banqueroute, comme la Grèce, pour qu'on réalise vraiment la chose. Et malheureusement, d'un point de vue du volontarisme européen, le binôme franco-allemand va plutôt mal, même si Merkel et Sarkozy se font de grandes risettes par devant face aux caméras. On est loin de l'entente franco-allemande de la période Kohl/Mitterrand.

Début mai, N.Sarkozy a cherché à se faire passer pour le sauveur de l'Euro et pour le Jésus-Christ de l'Europe. Sans doute par excès d'humilité, à moins que ce ne soit les syndromes de la mégalomanie et de la mythomanie (...). Il est vrai qu'avec se 22% d'opinions "favorables" dans les sondages franco-français, la dimension hexagonale lui semble désormais un peu restreinte : il étouffe. Des gens comme R.Shumann, W.Brandt, H.Kohl ou F.Mitterrand se fendraient la poire s'ils entendaient ça !  Et des gens comme Delors, Obama ou même un DSK doivent se fendre la pêche en entendant ça !

En réalité son Seigneur en Sarkozie n'a rien "sauvé" de plus que les 15 autres personnes qui siègent au Conseil de l'Europe. Au mieux ont-ils rafistolé le court terme. En bon français : c'est bien plus le FMI qui a dépanné la Grèce que l'Élysée qui a "sauvé" l'Euro. Ces fanfaronnades euro-élyséennes et euro-sarkozistes sont dérisoires.  Au plan structurel, rien n'est résolu. Ni pour l'Euro et encore moins pour l'entité économique "Europe". Au mieux le tandem Merkel/Sarkozy a-t-il joué ponctuellement les pompiers. Rendez-vous au prochain court-circuit, donc au prochain incendie... C'est un certain De Gaulle qui disait à la fin des années 60 : "La politique de la France ne se décidé pas au bord de la corbeille...".    

Olivier Montel,
Poil A Gratter iconoclaste
(en fait, ici, pas si iconoclaste que ça...)
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